" Ne laisse pas le cadavre de ta copine ici ! "

Après le tumultueux anniversaire de notre vert Kepler, la révélation a été, qu'en grandissant, son côté extraterrestre avait pris le dessus. Glabre aux globes oculaires obscurs, Kepler semblait plutôt descendre d'un OVNI pour s'en prendre à des vaches laitière, qu'avoir passé toute sa jeunesse sur la terre des Sims...

Son comportement était d'abord psychologique : se sachant être un extraterrestre, il a voulu se comporter en tant que tel. Il s'habillait extraterrestre, portant des tenues de plongées aux couleurs fluo et se fabriquant des vêtements à partir des rebuts de l'armée. Il joua tant et si bien l'alien, qu'il se persuada d'être étranger en cette planète. La nourriture qu'antan il adorait, ne lui évoquait plus rien et il s'imaginait les délices que devaient manger ses semblables. Il passait aussi souvent ses nuits, l'œil fixé au télescope, mirant la profondeur des cieux. 

La vie au sein du foyer de la veuve noire se déroulait dans un rythme bien plus tranquille qu'auparavant. L'âge avançant, Patience avait arrêté les deux meurtres pas semaine et toute la famille profitait assez sereinement de la vie.

Tous les jours de courrier, le facteur arrivait, tremblant devant la boite aux lettres familiale, sachant son destin inéducable. Il savait qu'une fois encore, Socrate le chien, dans toute sa sagesse philosophique, allait le poursuivre pour tenter de lui mordre le fessier. Il était dit que l'ennemi naturel du facteur était le chien.

Dès qu'il en avait la motivation, Harold battait la campagne à la recherche de fourrures, d'écailles et de plumes. La nature n'était pas farouche en ce monde et il serait bête de ne pas se faire un peu d'argent avec. 

La vieille veuve pleurait toutes les larmes de son vieux corps. Entre les grêles et les fortes chaleur du début de l'été, son cher potager en prenait un sacré coup. Celui-ci est, peut on le deviner, le véritable amour de Patience. C'est avec lui qu'elle passait le plus de temps, qu'elle devait ses plus beaux moments de bonheur et ses plus grandes douleurs. Même si courber son dos pour recueillir le fruit de la terre était de plus en plus douloureux pour elle, la réussite de ses récoltes était le plus beau des salaires et le plus efficace des onguents. Depuis quelque temps, elle s'était même mis à développer ses talents culinaires avec plus ou moins bien de talents.

Mais l'histoire n'était pas terminé, elle continuait inlassablement, tel le cycle de la vie... et surtout de la mort. De André, trompé, dévoyé et noyé, il s'agissait de faire entrer Justin dans la vie Patience et de l'attacher... à elle. Ses horaires de gardien du cimetière ne l'obligeant qu'à travailler dans l'obscurité, il était relativement disponible en journée et on l'invita à la maison. 

" Justin ! Tu n'as pas appris la terrible nouvelle ? De André est mort !

- Qui ça ?

- Mais mon époux ! Enfin, ex-époux et désormais cadavre !

- Ah oui ! Mais j'avais un peu oublié que tu étais mariée, cela ne se voyait pas trop. Bref, toutes mes condoléances...

- Sa disparition m'a beaucoup touchée ! C'est un sale coup pour moi ! Je le quitte le soir et le lendemain, il n'est plus de ce monde ! Je pense que tu comprend que j'ai besoin de...

- De quoi ? Demanda Justin.

- DE COMPAGNIE ! Si tu vois ce que je veux dire...héhéhé... Insista-t-elle lancinante. "

Et ils se lancèrent dans les ébats buccaux, juste à côté de Kepler :

" J'essaye de faire mes devoirs ! Alors si vous pouviez...

- C'est vrai que j'ai aussi des devoirs à accomplir... annonça Patience.

- Et quels genre ? Se demanda Justin.

- Mes devoirs... d'amante ! "

Et ils glissèrent dans le lit et dans les draps pour accomplir, bah heuuu, vous savez très bien ! Ce à quoi Patience doit être très expérimentée pour toujours autant réussir à séduire l'homme. Mais évitons de nous mettre d'horribles images en tête et procédons à une ellipse... Notre couple dormait tranquillement lorsque le froid se fit subitement sentir dans la pièce. Le courant d'air éveilla notre couple qui nota comment l'endroit était beaucoup plus lugubre qu'au temps de leurs ébats. Patience alluma la lumière : 

" AH ! Encore ces sales fantômes qui viennent me gâcher mes nuits ! Soupira la veuve.

- F-f-f-an-t-t-t-ômes ? Tremblota Justin.  Je les détestes !

- Tu es fossoyeur, tu travailles de nuit et tu as peur des fantômes ? Quel comble !

- Désolé, mais je vais devoir partir, fit-il un peu vexé.

- MAIS REVIENS ! "

" Tout ça c'est de ta faute, stupide ectoplasme de Felipe ! Vous pouvez pas me laisser zigouiller des hommes plus tranquillement ? Ca vous fait plus de petits copains pour jouer  ! Plus on est de fous, plus on rit !

- ZZZzzz hmmm... Non. Répondit simplement Felipe dans son sommeil.

- Vous allez vraiment me mettre des bâtons dans les roues, maintenant ? Vous ne pouviez pas faire ça, genre, des années auparavant ?

- ZZZzzzz, hmmmm... oui...

- Pfff ! Aussi inefficaces dans la mort que dans la vie ! "

Tandis que Patience était aux prises avec ses ex-maris fantomatiques, les autres membres de la famille avaient aussi leurs problèmes. Socrate le chien était de plus en plus agressif. 

Harold pensa que le comportement de son chien était peut-être du à sa solitude. Mais il était de plus en plus farouche : en plus de poursuivre le facteur, il devenait irascible et refusait que l'on touche à sa gamelle. Harold décida de lui trouver un compagnon de jeux qui lui tienne un peu compagnie. C'est comme ça que Gratouille entra dans la famille Renoir.

En voyant pour la première fois ce chien, Harold s'était dit que le refuge lui avait refilé la pire créature qu'ils avaient pu dégotter. Sérieusement, qui appelle son chien "Gratouille" ? C'était un signe, un avertissement, la bestiole servait de paquebot de croisière à une colonie de puce. Et puis noir comme il était, Harold était persuadé qui était le chien d'un ramoneur qui s'en servait pour nettoyer des cheminé. Alors la première chose que connu Gratouille de la maison des Renoir fut la baignoire.

Gratouille était encore jeune, mais il avait un don pour se salir très rapidement. Peut-être qu'on en ferait un meilleur chasseur que Socrate qui ne ramenait à la maison qu'os, plumes et feuilles mortes. Du côté de chez Kepler, malgré ses aspirations extraterrestres, il cherchait aussi à s'intégrer à la vie de son lycée. Enfin il était bien obligé d'avoir des interactions sociales avec ses camarades de classe. Depuis qu'il s'était approprié son identité d'alien, une partie de sa classe était traumatisé par sa présence, tandis que l'autre était plutôt fasciné et trouvait cela cool d'avoir un alien dans la classe. Certains étaient même curieux à vouloir en savoir plus sur lui et sa famille. Ils risquaient d'aller de surprises en surprises. Mais l'une de ses camarades se hasarda à lui demander de faire des devoirs ensembles chez lui. 

" Et la vieille folle juste à côté de nous, c'est qui ? Chuchota la fille.

- Oh. C'est ma grand-mère, mais tu sais tu n'est pas obligé de chuchoter ! Mamy ? Donna voudrait savoir pourquoi tu portes ta grande tenue de soirée !

- Mais, c'est que, mon chéri, ce soir est le grand soir ! Je vais demander Justin en mariage ! C'est pour cela que je me suis faite belle !

- Elle se fiance à son âge ? Continua de questionner à voix basse l'élève.

- Bah oui. Je crois que ma grand-mère est une éternelle amoureuse. MAMY ! Donna te trouves ridicule, je crois !

- La jeune effrontée ! Vous les jeunes, vous n'y connaissez rien à l'élégance ! Franchement passer ses journées en tenue de scaphandrier ! Les modes étaient bien plus raisonnables lorsque j'étais jeune...

- On peut cesser de l'écouter maintenant, annonça-t-il. Elle va radoter. "

Mais le côté extraterrestre de Kepler reprit rapidement le dessus et il ne put s'empêcher de faire quelques "expériences" sur la malheureuse Donna. Rien de grave. Juste assez pour traumatiser un esprit à vie ; comme cela a été le cas pour l'infortuné Harold.

Pendant ce temps là, Patience préparait la plus romantique des rencontres. Lumière tamisé des réverbères voisins, vue sur la carrosserie de la voiture et sur le vieux pont. Le porche devant la maison était sans doute l'endroit le plus romantique du monde, après Venise tout de même.

" Justin, avant toute chose. Je tiens à ce que tu n'oublie pas que je suis une vieille femme riche. Et que t'attacher à moi par quelques moyens que ce soit, pourrait te rapporter gros lorsque je quitterais ce monde. Bon, cette introduction faite... il faut que je te demande : veux-tu m'épouser ?

- Ouuuuaouaaaa... répondit Justin, légèrement abasourdit.

- C'est un oui ? Attendit Patience.

- ...

- C'est un oui. "

Et les fiançailles furent scellés. Et comme il était tard, que Patience était fatiguée, que Justin devait sûrement consulter un thérapeute dans les minutes qui viennent, chacun regagna ses pénates. Une fois rentrée, Patience s'empressa d'annoncer la bonne nouvelle à son fils :

" Tu te rends compte ! On est fiancés !

- Oh. Excuse moi, maman de ne pas sembler partager ton bonheur. Mais c'est que j'ai vu tellement de fois cette bague à tes doigts pour autant de fiancés, que j'ai du mal à être surpris par ce genre d'évènements. 

- Bon je vais dans la salle de bain, puis aller dormir un peu, moi. Termina Patience. "

" KEPLEEEEEER ! Tu serais bien gentil... Ne laisse pas le cadavre de ta copine ici, s'il-te-plait ! Il serait temps que ta grand mère t'apprenne les bases élémentaires de la disparition des preuves compromettantes !

- Elle s'est juste évanouie, mamy !

- Ah. Et il faut l'achever, c'est un témoin encombrant ?

- Non, non, qu'elle rentre chez elle. On a école demain. "

Cet été orageux laissa place à l'automne aux doux coloris. L'automne ! Une saison propice à toute sorte d'enchantements ! L'enchantement des couleurs mais aussi celui des esprits. Les anciens pensaient que cette période de l'année, aux portes de l'Hiver, était celle ou le monde des morts et celui des vivants étaient les plus proches. Ceux-ci revenaient dans notre monde dans cette période pour y semer le trouble. Viennent de là, la fête païenne d'Halloween et la fête de la Toussaint. Alors dans une maison emplie à ras bord de spectres, il y a doutes qu'il risque de se passer pas mal de choses ! 

Cela arriva le soir, après une journée harassante pour Harold, à ratisser les millions de feuilles que perdait le saule du jardin. La nuit était tombé et il était temps pour Harold de passer un moment père/fils avec Kepler avec une bonne vieille soirée jeux-vidéos. Mais...

" MOOOOOON FIIIIIIIIIIIIIIIIILS ! Maugréa le spectre de Felipe en traversant à vive allure le salon.

- Mais qu'est que... Se demanda Harold. Oh non, un fantôme. On a rien inventé de mieux pour gâcher une soirée. Impossible de dormir tranquillement avec dans la maison. Surtout ce rose là, il me colle tout le temps lorsqu'il est de sortie !

- PAAAAAS LE TEEEEEEEMPS, trop faim ! Annonça Felipe en quittant la pièce. "

" Quoi il est là lui aussi ?! Je déteste les petits nouveaux ! Se plaignit Felipe. Vous n'avez aucun respect pour les anciens.

- Du calme Felipe ! Ce pauvre Dennis est l'un des nôtres aussi ! Rappelles-toi que nous devons nous unir ! Sinon tu veux un sandwich ? J'ai pillé le frigo de la veille Patience !

- Oh oui ! JE SUIS MORT DE FAIM, pour rappel ! "

" Allez Ratson, va jouer avec ta maitresse, elle sera contente de te voir. Il faut que papa aille voir les autres fantômes. Nous sommes plus puissant pendant cette période de l'année, il faut que nous arrivions à mettre de côté nos différents pour faire payer à Patience ce qu'elle à fait ! "

" Wouarf !

- Ratson, c'est toi, je reconnais ton odeur de poils... tu as la même odeur que ton premier maitre... Tu n'as pas honte de réveiller ta maitresse à de pareils heures de la nuit ? Mais attends un seconde ! Tu es mort avant qu'on déménage à Twinbrook ! AAAAAAAAAAAH ! Si toi aussi tu te mets à affoler le cœur d'une pauvre vieille femme !

- N'as-tu jamais eu un cœur Patience ?

- Oh, mais qui dit cela ! Oh. c'est toi...

- Patience comment as-tu pu me faire une chose pareille ! J'étais le premier ! Ne représentais-je rien pour toi ?

- Tu ne vas pas remettre cela sur le tapis Benjamin ?

- Si ! Comment as-tu osé noyer un autre de tes mari ? Qu'est-je de commun avec lui, là ? Fit dédaigneusement Benjamin vers le spectre De André.

- Hey ! Mec ! Je vaut mille fois mieux que toi ! J'ai profité à fonds de la vie terrestre moi au moins ! Je ne comptais plus le nombre de donzelles qui ont fait la lambada nocturne avec moi ! Et par lambada...

- Oooooh... C'est pas vrai... vous comptez vraiment m'empêcher tout le temps de dormir, hein ? "

Mais, malgré l'insistance des fantômes qui se prenait de plus en plus à ses nuits, Patience allait de l'avant. Malgré son âge qui avançait, elle voulait continuer la courses aux meurtres. D'où que venait cette passion morbide pour se débarrasser de ses époux ainsi, mélange d'amour et de mépris, cela faisait partie de sa vie depuis bien trop longtemps. Même si passé venait la hanter chaque fois que les étoiles brillaient haut dans le ciel, elle ne regrettait rien. Des remords, elle n'en avait guère et si les spectres la faisait souffrir, c'était bien plus physiquement que psychologiquement. La drôle de chose qu'était sa vie devait continuer : 

" Tu te rends compte, mon Harold, je vais me marier avec Justin, là sur la terrasse, vite fait bien fait et il rejoint notre belle famille !

- Oui, oui, maman... Une fois encore je m'excuse de ne pas me  montrer enthousiaste.

- Pffff, les hommes n'ont jamais compris mon bonheur ! "

Et la vieille veuve épousa Justin. Dans sa robe noire et ses gants de dentelles. Sur la terrasse, entre le banc et la porte du salon. Le plus beau mariage qu'il soit ; bien au dessus des stupides fins de comédie romantiques. Le pauvre Justin ne savait dans quel guêpier il était tombé. Ni quels tourments allait lui imposer sa chère et riche femme. 

" Bon mon petit, j'ai découvert ton petit secret ! Alors si tu veux que mamy ne dise rien à ton père, il va falloir être très gentille avec moi et m'aider à me débarrasser de Justin le moment venu ! "

A SUIVRE !

Comments

[Bettyboopjade]

J'ai rattrapé tout mon retard et franchement j'ai bien ri !

Incroyable cette Patience ! ^^

[Goby03]

Tu en es à combien de morts, ça commence à en faire du monde.

J'ai l'impression que Kepler risque de suivre l'exemple de sa grand-mère et commettre des meurtres.

[ptitemu]

"Et comme il était tard, que Patience était fatiguée, que Justin devait sûrement consulter un thérapeute dans les minutes qui viennes, chacun regagna ses pénates".



J'adore toujours ton humour qui rend ta lecture délicieuse comme un thé anglais.



Bravo !